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27 juin 2014

#ChallengeAZ : X comme Série X aux AD


La série X des Archives Départementales contient les documents concernant l'administration hospitalière (hôpitaux, hospices, asiles, maisons de santé), les bureaux de bienfaisance et d'assistance, l'assistance sociale (enfants assistés, orphelinats, assistances aux familles nombreuses...), la prévoyance sociale (secours mutuels), et les assurances sociales (sécurité sociale).

source : casafr.pagesperso-orange.fr
Dans les Pyrénées-Orientales, le seul hospice dépositaire des enfants trouvés est l'hospice Saint Jean ou hôpital Saint Jean. Cet hôpital a été fondé en 1116 par Arnaud Gaufred, comte du Roussillon et fait partie des établissements médicaux les plus anciens de la Catalogne et du Midi de la France.
Agrandi puis reconstruit au 15ème siècle, dans un premier temps, l'institution avait pour vocation le secours aux pauvres de la Cité. Puis, l'hôpital a évolué pour s'occuper des soins à la population de la ville.

En 1808, l'empereur Napoléon Bonaparte souhaite réunir l'institution civile et militaire, l'hôpital va quitter ses locaux et rejoint ceux de l'Hospice de la Miséricorde, rue Foch, proche du lieu de soins des blessés de la guerre d'Espagne.

Suite au progrès des méthodes de soins et la croissance de la population, l'hôpital doit quitter les locaux de l'hospice, devenu trop exigus. Il est décidé la construction d'un  hôpital suburbain. Les travaux dureront près de 20 ans, interrompus lors de la Première Guerre Mondiale. Enfin, en 1928, l'hôpital quitte les locaux du centre et s'installe dans le quartier du Haut-Vernet, sur plus de 13 hectares. Il est construit sur le mode pavillonnaire. L'hôpital subit à nouveau des transformations en 2012 et 2013.

A noter que, durant la seconde Guerre Mondiale et l'occupation de la zone libre, certains agents hospitaliers et médecins ont contribué à camoufler le matériel médical laissé par l'armée française, cacher une quinzaine de personnes d'origine juive, et à collaborer aux réseaux de résistance. 3 agents ont été arrêtés, 1 a été fusillé et 12 ont été déportés dont 5 seulement sont revenus vivants.

Page de garde du rapport du préfet (1876)
source : gallica
Nous sommes en 1875, durant la IIIème république. Plusieurs lois constitutionnelles sont votées concernant le Sénat, la Chambre des Députés, la qualité d'électeur. La France se déchristianise (15% des enfants nés à Paris en 1875 ne seront pas baptisés). Le préfet des Pyrénées-Orientales a diligenté M. Joseph BOCAMY, médecin originaire du département, pour établir un rapport du service des enfants assistés.

Un seul hospice est concerné, l'hôpital Saint Jean, qui gère le mouvement de ces enfants entre ses locaux, la "campagne" et les familles de ces enfants. Le service des enfants assistés aura géré sur cette année 143 nouveaux enfants qui rejoindront les 424 déjà présents en début d'année. A la fin de l'année, seuls 376 enfants seront encore sous la responsabilité de l'hospice. Il s'agit d'enfants trouvés, abandonnés pour 41% d'entre eux ou orphelins. L'hospice accueille ou suit également temporairement des enfants dont les familles ne peuvent subvenir aux besoins, soit par indigence, soit par maladie.



Il n'y a pas de différence notable concernant la proportion de garçons et de filles parmi les enfants assistés.

Concernant les enfants en bas âge, le rapport énonce la nécessité d'augmenter le salaire donné aux nourrices "à la campagne" à 15 francs par mois pendant les deux premières années de l'enfant et d'y ajouter une prime d'encouragement pour les nourrices qui auraient pris soin d'un enfant dès son plus jeune âge jusqu'à son sevrage.Elles touchent 18 francs d'allocation lorsqu'elles font vacciner les enfants confiés.

Le service des enfants assistés fournit aux  familles nourricières des vêtures, décomptés par âge. Cela permet de dénombrer que 53% des vêtures distribuées concerne la catégorie des 8-12 ans, contre 28% pour les 5-8 ans. Un seul cas de vol de vêture pour un enfant de la famille de l'accueillant est dénombré cette année 1875.

Dans ce rapport, nous apprenons que dans l'ensemble les familles nourricières s'occupent correctement des enfants qui leurs sont confiés, dans le sens où ils leur permettent d'aller à l'école et de suivre une éducation religieuse. Pour cela, l'Etat leur distribue une prime de 50 francs à la première communion des enfants, mais aussi des primes "d'encouragement" allant de 3 à 8 francs s'ils sont présents à l'école. L'Etat récompense également les instituteurs qui encouragent les familles nourricières à envoyer les enfants à l'école. De plus, concernant les enfants de plus de 12 ans, les familles  nourricières leur permettent d'apprendre un métier et bien souvent les gardent au-delà de l'âge de 12 ans. 

Le rapport contient un tableau dénombrant la répartition des dépenses du service. 37% des dépenses sont dus aux frais d'assistance des enfants secourus temporairement. Le deuxième poste de dépense concerne les pensions versées aux familles nourricières à la campagne.

 Concernant ces enfants dits de la 2ème catégorie, c'est à dire âgés de 12 à 21 ans, on apprend ainsi que 53% d'entre eux exercent les métiers de bonnes d'enfants ou servantes pour les filles et domestiques pour les garçons. L'administration place 20 garçons en apprentissage et le reste des enfants (47%) sont chez des parents nourriciers ou cultivateurs. Certains enfants posent des problèmes conduite et le service des enfants assistés essaie de gérer leur surveillance, voire leur correction. Le détail des corrections et punitions n'est cependant pas détaillé !

Ce rapport permet de mieux cerner la gestion du service des enfants assistés mais aussi leur quotidien, fait de certificats de vie et de vaccination, pour lesquels on semble se soucier de leur apporter l'allaitement de deux ans nécessaires à leur bonne santé et de leur apprendre un métier. On apprend ainsi les recommandations médicales de l'époque concernant les enfants.
A travers ce rapport, on peut aussi mesurer la pression exercée sur les filles-mères dont les grossesses sont qualifiées de fautes (aucune mention de viol n'est abordée). celles-ci sont le plus souvent chassées de la maison paternelle et ne peuvent plus assurer l'entretien de leur ou leurs enfants. La plupart des filles-mères demandant un secours sont âgées de 20 à 25 ans.

Le service de l'assistance publique gère également les filles et jeunes filles (légitimes de familles indigentes), placées au Bon-Pasteur. Il s'agit d'une ancienne maison de redressement créée en 1839 ayant pour vocation de recueillir les filles repenties et les jeunes filles et femmes frappées de condamnations correctionnelles. D'abord située dans le quartier Saint Jacques, l'établissement a emménagé le long des quais de la Basse. L'instruction données aux jeunes filles leur permet d'apprendre à lire, écrire et coudre.


Bien d'autres informations peuvent être retirées de ce rapport, elles feront l'objet d'un prochain article.

sources :
http://www.ch-perpignan.fr/fr/mieux-nous-connaitre/carte-identite/peu-d-histoire.html
http://ca.wikipedia.org/wiki/Joseph_Bocamy
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6133591r.image (vue 236)

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