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23 janv. 2015

Fusillé de 14-18 : Une histoire d'espionnage (2)

Voici la suite du reportage dans les coulisses de l'enquête judiciaire ayant conduit à la condamnation à mort de Sylvain LLENSE, soldat au Parc Automobile d'Organisation de Lyon en 1918.

Le 8 mai 1918, Sylvain LLENSE est interrogé par le Commissaire de Police Xavier FABIANI alors qu'il a été arrêté pour espionnage et intelligence avec l'ennemi.

Après avoir décliné son identité, Sylvain LLENSE donne sa version des faits et revient sur les événements. Il est incorporé le 11 février 1917 au Service Automobile de Lyon et promu secrétaire dactylographe au bureau du commandant le 15 mai suivant, travaillant tard le soir souvent seul. Il rencontre Dominique LEONARDI au cours de l'été 1917 qui lui procure de la cocaïne et de la morphine. Sylvain LLENSE la revend à des "femmes galantes" de Lyon.

Gare de Cerbère - source : cpa-gares-66.fr
En octobre 1917, en permission à Cerbère, il décide d'aller à Barcelone pour se procurer à nouveau des drogues auprès d'un italien fournissant déjà une certaine Madame de la Prairie à Lyon. Passant chez ses parents, il récupère 3000 francs de ses économies et s'habille en civile, sans passeport, car déjà connu des services des douanes. A son arrivée sans encombre à Barcelone, l'italien est introuvable et Sylvain LLENSE est alors mis en contact avec Louis SOULIER, un soldat déserteur de Narbonne. Celui-ci lui promet alors une livraison de 1 kg de cocaïne et 1 kg de morphine. Discutant de la guerre, SOULIER lui avoue alors revendre des renseignements aux Allemands. Il lui propose également de ramener en France des tracts en faveur de la paix et de la désertion. Déclinant l'offre dans un premier temps, il accepte néanmoins un petit flacon de cocaïne supplémentaire. Le lendemain, il rencontre Karl, un ami de SOULIER, travaillant au Consulat d'Allemagne à Barcelone, qui lui propose à nouveau de distribuer ces tracts. Il lui donne également 100 francs pour retourner en France à partager entre SOULIER et lui-même. SOULIER restera à Barcelone mais LLENSE repartira avec 100 exemplaires de tracts et du journal "La Vérité" et diverses lettres à donner aux journaux français. Karl lui donne également une adresse au nom de Pépita BARRI à laquelle envoyer des renseignements d'ordre militaire, moral et économique. Il sera rétribué fortement à son retour à Barcelone. LLENSE prend le train et arrive à Cerbère sans être inquiété. Après 2 jours de permission, il revient au PAOL. 
En novembre 1917, il envoie en recommandé au nom indiqué des documents concernant les ravitaillements en munition, les véhicules et le personnel conducteur du parc automobile, ainsi d'un rapport sur l'affaire d'Italie indiquant les mouvements de troupes françaises dans ce pays. Il prévient LEONARDI de ces agissements.
Signature de Sylvain LLENSE
(08/05/1918) - vue 515
source : memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
Sans réponse de Karl, il profite d'une permission en janvier 1918 pour se rendre à nouveau à Barcelone avec environ 3 à 4000 francs de bénéfices provenant de la vente des drogues. Karl confirme avoir bien reçu le colis et lui demande à présent un rapport économique et moral de la population civile qu'il rédige le soir-même et lui remet le lendemain. Karl lui demande un rapport sur les usines qu'il devra lui envoyer de Lyon. En acompte, il reçoit 1000 pesetas (environ 1300 francs) et le reste de sa rémunération est déposé dans une banque à Barcelone. Sylvain LLENSE repart à Cerbère cette fois-ci avec 2 kg de prospectus pacifistes et encourageant les désertions et les sabotages, ainsi que 500 grammes de cocaïne.
Le 22 janvier 1918, il envoie les imprimés aux journaux français et charge LEONARDI de trouver un imprimeur à Marseille pour obtenir des tirages supplémentaires, ainsi que des renseignements militaires, contre la somme de 300 francs. LEONARDI ne trouvera rien.
Le 10 février 1918, Sylvain LLENSE est arrêté et remis en liberté provisoire le 14 mars. Il lui reste 1600 francs qu'il confie à sa logeuse Mme ROSSI. Il dit aussi avoir une maîtresse, Louise GARNIER depuis janvier 1918 qui habite au 6 rue de la Barre à Lyon et qui ne serait pas courant de ses agissements mais aurait fait usage de drogues avec lui.
Commandant Joseph DOUMENC,
Service Automobile Central de Paris
source : verdun-meuse.fr (1918)
Sylvain LLENSE avoue également avoir envoyé des spécimens de signature du Colonel OLIVIER, Commandant DOUMENC et Colonel GIRARD (du service Central Automobile de Paris), envoyé en même temps que le rapport sur l'affaire d'Italie. Il a également été l'auteur de tracts joints aux imprimés de Karl en janvier. Il avoue avoir demandé à son avocat de lui fournir de la drogue en prison. Enfin, il dit regretter ces actes.

Le même jour, le commissaire FABIANI perquisitionne au domicile de Sylvain LLENSE au 198 Cours Lafayette et y trouve :
- son livret militaire
- deux lettres en provenance de Barcelone datées du 25 février et du 14 avril, envoyée par le senior CHARPENTIER Arturo.
- des petits sachets de poudre blanche (de l'acide borique et de la poudre nasaline).

Après avoir trouvé également des exemplaires de tracts pacifistes et pour la désertion, le commissaire FABIANI décide d'inculper Sylvain LLENSE de provocation de militaires à la désobéissance. Sylvain LLENSE avoue ce crime.

FABIANI va ensuite procéder à l'interrogatoire de Louise GARNIER...


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