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12 janv. 2015

Fusillé de 14-18 : Une histoire d'espionnage

Lorsque a été annoncé la mise en ligne des dossiers des soldats fusillés de la Première Guerre Mondiale, je ne m'attendais vraiment pas à découvrir un dossier digne d'un scénario de film hollywoodiens. Sylvain LLENSE a été fusillé pour espionnage et intelligence avec l'ennemi. C'est son histoire que je vais vous conter.

Sylvain Barthélémy Joseph LLENSE, surnommé Henri par ses parents, est né le 23 mai 1893 à Cerbère (66), petit village de 1400 habitants situé sur la côte Vermeille, dernier village avant la frontière espagnole.

Emplacement de Cerbère (66)
source : location-et-vacances-com

Le parcours militaire d'Henri

Faisant parti de la classe 1913, Henri demande un sursis, d'après l'article 21. En effet, la Loi sur le recrutement du 21 mars 1905, article 21, prévoit : « En temps de paix, des sursis d’incorporation […] peuvent être accordés aux jeunes gens qui en font la demande ». Henri travaille chez M. ESTEVE, un industriel de Cerbère depuis qu'il a 15 ans. Mais il a aussi passé son brevet élémentaire et est ainsi entré dans la fonction publique dans les Postes et Télécommunications. En 1914, il est nommé à Marseille. Incorporé dans le 53ème Régiment d'Infanterie le 12 avril 1914, il part en campagne contre l'Allemagne. Il est réformé le 28 mai 1915 et passe dans les services auxiliaires à cause d'une arythmie cardiaque. Il est remis à la disposition des PTT. Il est ainsi nommé vaguemestre à Mont-Louis puis Bourg-Madame, et enfin transféré à Paris. Rappelé aux armées en septembre 1916, il est affecté au dépôt des Services Automobiles, puis au Parc Automobile d'Organisation de Lyon. Le 5 juillet 1917, Henri est réformé, puis le 17 décembre 1917 réformé définitif car inapte à la conduite automobile. 

Qu'a-t-il pu se passer lors de son service pour qu'Henri, le 26 avril 1918, soit arrêté et incarcéré ?

Le dossier de procédure grâce à ses 290 pièces totalisant 558 pages va nous apprendre les circonstances et les raisons de son arrestation.

Lorsque Henri est arrêté le 26 avril 1918, il est déjà incarcéré à la prison militaire pour faux, usage de faux et vol militaire depuis le 26 mars pour trois mois. En effet, lors d'une permission, il a fabriqué un ordre de transport pour sa compagnie afin que celle-ci voyage gratuitement. L'ordre de nouvel informer n°298bis nous apprend qu'il est arrêté sous le chef d'inculpation de provocation de militaires à la désobéissance, d'espionnage et d'intelligence avec l'ennemi (vue 556). Sont inculpés en même temps que lui Dominique LÉONARDI, pour complicité d'intelligence et Louise GARNIER pour complicité d'intelligence et d'espionnage.

Les complices

Dominique LÉONARDI, à l'époque des faits est conducteur à la 458ème section TM à Lyon. Il est né le 21 avril 1885 à Rogliano en Corse. Lors de son incorporation en 1905, il exerce la profession de commis d'octroi à Marseille. Après une campagne au 22ème Régiment d'Infanterie Coloniale, il intègre en juin 1915 la 15ème section des COA (Commis, Ouvrier et Administrations). En mars 1917, il rejoint la section  514 TP du service automobile, puis la 560 et enfin au 1er avril 1918, la TM458. La commission de réforme du Rhône le déclare inapte à servir aux Armées le 19 janvier 1918. Il n'a ni décoration, ni citation, ni blessure. Son casier judiciaire est vierge.

Ce qui n'est pas le cas de celui d'Henri, lequel a déjà effectué 25 jours de prison durant son service. En effet, le 18 novembre 1916, il s'absente 4 heures sans autorisation pour aller à Cerbère et écope de 15 jours de prison par son colonel. Le 21 décembre, il est surpris à communiquer avec les prisonniers par la fenêtre d'une cellule, il écope alors de 8 jours d'arrêt. Un mois plus tard, nommé chef de détachement, il abandonne ses camarades 24h à la gare de Port-Vendres (66). Le chef de bataillon lui assigne 2 jours de prison.

Quant à Louise GARNIER, dite Loulou, il s'agit de la maîtresse d'Henri. Elle est âgée de 27 ans et habite rue de l'Hôtel de Ville à Lyon. Son casier judiciaire est vierge.

Passeport de Louise GARNIER - source : Mémoiredeshommes

En mai 1918, Henri est transféré de la prison militaire à la prison civile de Lyon. C'est lors de son interrogatoire (vue 504 du dossier) par le commissaire de police Fabiani, le 8 mai 1918, que nous allons apprendre les faits exacts dont on l'accuse...

Suite au prochain épisode !

Sources :
Dossier de procédure du jugement de LLENSE Sylvain :
http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/m005450e48ac5187/545b53108c63c 


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