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31 mai 2014

#ChallengeAZ - A comme Algérie, terre d'accueil des catalans

C'est au détour d'une recherche descendante sur la famille de mon conjoint que j'ai eu l'occasion de découvrir ce pays d'un point de vue généalogique. Avant cela, j'avoue, pour moi, l'Algérie était un pays lointain, dans lequel les Français s'étaient installés à un moment donné puis étaient revenus suite à la guerre vers 1962.

Tout commence par la recherche du mariage éventuel d'un enfant de François NAUDO, originaire de Finestret, petit village de Pyrénées-Orientales. Son dernier fils, Sébastien Julien Pierre NAUDO, est noté résident à Alger lors de son mariage à Finestret avec Marie Elisabeth Marguerite RACOURT le 21 janvier 1883. Il exerce la profession de matelot des douanes. Commencent alors mes pérégrinations pour retrouver leurs enfants, sur le site de l'ANOM dans un premier temps, mais également pour me renseigner sur le pays et la ville en question. Il me fallait comprendre pourquoi Sébastien était parti travailler là-bas. J'y reviendrais un peu plus tard lors d'un prochain article du challenge.

Pour l'heure, je souhaitais surtout vous faire part des découvertes que j'ai faites concernant le pays, tout d'abord historiques, grâce à l'excellente collection "La France en Algérie" en 5 tomes*. Là, tout d'un coup, j'apprends comment la conquête de l'Algérie est une stratégie politique de prise et de maintien au pouvoir mais surtout les conditions de vie des premiers colons en 1848.

le gouvernement avait prévu 18 convois totalisant 12000 colons originaires de la capitale, emplis d'optimisme et d'espoir, qui ont vite déchantés à leur arrivée quand ils ont atteint leur nouveau lieu de vie. Les colons choisis devaient être chefs de famille ou célibataire, soit cultivateurs, soit ouvriers d'art.
Les cultivateurs ont reçu des concessions gratuites de 2 à 10 hectares et une subvention pour 3 ans. Les ouvriers d'art devaient s'occuper des travaux d'installation des familles et obtenaient 1 lot à bâtir et 1 lot de terre accompagnés de la même subvention pour trois ans. Les colons devaient ensuite devenir propriétaire au bout de 6 ans (sous peine de devoir rembourser la subvention s'ils partaient avant cette date).

Le premier convoi de colons est parti le 10 octobre 1848 et avait pour destination Saint-Cloud (Gdyel actuel). Les colons étaient des ouvriers au chômage (des ateliers nationaux fermées quelques mois plus tôt) et des artisans et employés du commerce. Ils devaient recevoir chacun :
- une maison en maçonnerie, recouverte en tuile et divisée en 2 pièces, chacun de 3.50m sur 5m,
- 1 lot de terre de 2 à 10 ha et une parcelle de jardin potager,
- des instruments de labour, des semences, du bétail (chèvres et moutons),
- des rations journalières de vivre  (1/2 ration pour les enfants de moins de 7 ans) dans l'attente de leur récolte.

Après avoir remontée la Seine pendant 3 jours sur des chalands, les colons ont rejoint Châlon, puis ont embarqués à bord de vapeur à roues à aubes jusqu'à Arles. Ensuite le train les mènera jusqu'à Marseille où il prendront le bateau pour rejoindre l'Algérie.
source : Geneawiki

A leur arrivée à Saint-Cloud, les 350 colons ne trouvent qu'un village vide. Ils durent commencer par bâtir des maison de fortune en bois. Les cloisons ne sont que planches de bois et les lits, des planches sur tréteaux recouverts de broussailles en guise de paillasse. certains s'installèrent sous des tentes militaires. En effet, à cette époque, l'armée est le représentant de l'Etat Français en Algérie.

Ils devaient affronter les épidémies en hiver (dysenterie, choléra et paludisme). En trois ans, il y eut 287 décès pour 134 naissances. Pas très étonnant lorsque le remède pour combattre le choléra était supposé être une danse au milieu du village ! Le paludisme, lui, est combattu grâce à la quinine mais les stocks sont insuffisants. A leur arrivée, les colons ont pu obtenir par l'armée quelques vêtements (chemises de coton, tabliers, bas de laine, sabots) pour remplacer leurs chaussures de ville, leurs vestes et robes de tissu trop fragile et trop ajustés. Dans certains villages, l'armée leur fournit des anciennes capotes et des pantalons usagers de l'armée, quand les chemises ne sont pas taillés dans des sacs d'intendance marqués des inscriptions "fourrage".

Étaient prévus des instructeurs de labours et semailles, malheureusement ceux-ci ne sont pas assez nombreux. Les colon sèment des céréales, des haricots, des fèves, des pommes de terres et des vignes mais les semences sont le plus souvent avariées.
A cela s'ajoute une organisation militaire du village par des directeurs pratiquant leur propres règles (comprenant le droit de cuissage ! ). Les révoltes des colons sont très durement réprimés par des exécutions pour l'exemple. Et il ne s'agit que de l'exemple d'un village parmi les 42 créés.

Je salue le courage de ces familles parties pleines d'espoir d'un monde meilleur pour leurs enfants et qui se sont retrouvés coincés dans un pays sauvage (les hyènes, lions et panthères passaient régulièrement près des villages), abusés par le gouvernement, qui ont dû tenir bon afin de ne pas avoir à rembourser les subventions accordées !

Comme je le précise dans le titre, l'Algérie est également terre d'accueil des catalans car lors de mes recherches, j'ai pu remarquer nombre de couples originaires des Pyrénées-Orientales. Couples partis tenter leur chance de l'autre côté de la Méditerranée et dont les descendants sont revenus s'installer sur la région de Perpignan lors de la guerre d'Algérie en 1962. Tant et si bien que le Centre de Documentation des Français d'Algérie (CDDFA) a été inauguré ici même à Perpignan, afin de rendre hommage et aider les familles descendantes à transmettre et explorer le patrimoine des Français d'Algérie. Il contient une exposition permanente de 300 m2 retraçant l'histoire de l'Algérie de 1830 à 1962, mais aussi un fonds documentaire composés de témoignages matériels et immatériels (livres, objets, films...).

Mes recherches ne font que débuter sur ce pays aussi ce billet peut paraître exhaustif. Néanmoins, je suis à la fois émerveillée et choquée de voir dans quelles conditions les colons ont été envoyés et quel courage il leur a fallu pour surmonter ces épreuves.

* La France en Algérie, Tome 1 à 6, avec la collaboration de Guy Claisse, Claude Couband, Francis Mercury, Editions de Crémille, 1990.

7 commentaires:

  1. Merci pour cet article très intéressant.

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  2. Merci pour cet article très intéressant. Il est toujours difficile de se rendre compte de la dureté des conditions de vie des colons à leur arrivée. Il a dû en effet leur falloir bien du courage !
    Elise

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  3. En effet, quel bouleversement cela devait être !

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  4. Merci pour cet article très riche sur cette partie de l'histoire difficile pour ceux qui l'ont vécue, et que je méconnaissais complètement : on parle souvent du départ des colonies, mais finalement rarement de l'arrivée...

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  5. Un pays d'arrivée bien loin de l'eldorado parfois promis. J'ai lu des récits assez proches, concernant les Italiens partis dans le sud du Brésil.

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  6. Passionnant et très émouvant...... Merci beaucoup pour cette découverte.
    Marie-Odile

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  7. Merci pour tous vos commentaires. Il n'est pas évident d'arriver à retranscrire les émotions par écrit et je ne pensais pas avoir réussi. Vivement lundi pour la suite !

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